Amour
«
Lorsque nous sommes portés à aimer quelqu’un, sans que nous
en sachions la cause, nous pouvons croire que cela vient de ce qu’il y
a quelque chose en lui de semblable à ce qui a été
dans un autre objet que nous avons aimé auparavant, encore que nous
ne sachions pas ce que c’était. », à Chanut, 6 juin
1647
Bon
sens
«
Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée: car chacun
pense en être si bien pourvu que ceux mêmes qui sont les plus
difficiles à contenter en toute autre chose n’ont point coutume
d’en désirer plus qu’ils n’en ont. », Discours de la méthode,
1637
Certitude
«
Archimède, pour tirer le globe terrestre de sa place et le transporter
en un autre lieu, ne demanderait rien qu’un point qui fût fixe et
assuré. Ainsi, j’aurai droit de concevoir de hautes espérances
si je suis assez heureux pour trouver seulement une chose qui soit certaine
et indubitable. », Méditations, 1641
Cogito
«
(...) Pendant que je voulais ainsi penser que tout était faux, il
fallait nécessairement que moi, qui le pensais, fusse quelque chose:
et remarquant cette vérité, je pense donc je suis, était
si ferme et si assurée que toutes les plus extravagantes suppositions
des sceptiques n’étaient pas capable de l’ébranler, je jugeai
que je pouvais la recevoir sans scrupule pour le premier principe de la
philosophie que je cherchais. », Discours de la méthode,
1637
Connaissance
«
(...) car la connaissance sur laquelle ont peut établir un jugement
indubitable doit être non seulement claire, mais aussi distincte.
J’appelle claire celle qui est présente et manifeste à un
esprit attentif; de même que nous disons voir clairement les objets
lorsque ils étaient présents ils agissaient assez fort, et
que nos yeux sont disposés à les regarder; et distincte,
celle qui est tellement précise et différente de toutes les
autres qu’elle ne comprend en soi que ce qui paraît manifestement
à celui qui la considère comme il faut. », Principes,
1644
Curiosité
«
Les mortels sont possédés d’une si aveugle curiosité
que souvent ils conduisent leur esprit par des voies inconnues, sans aucun
motif d’espérance, mais seulement pour voir si ce qu’ils cherchent
n’y serait pas comme quelqu’un qui brûlerait d’une envie si folle
de découvrir un trésor qu’il parcourrait sans cesse les chemins,
cherchant si par hasard il ne trouverait pas quelque chose qui aurait été
perdu par un voyageur. », Règles pour la direction de l’esprit,
1628
Dieu
«
Par le nom de Dieu, j’entends une substance infinie, éternelle,
immuable, indépendante, toute-connaissante, toute-puissante, et
par laquelle moi-même et toutes les autres choses (s’il est vrai
qu’il y en ait qui existent) ont créées et produites. »,
Méditations,
1641
Doute
«
(...) je pensai qu’il fallait (...) que je rejetasse comme absolument faux
tout ce en quoi je pourrai imaginer le moindre doute, afin de voir s’il
ne resterait point, après cela, quelque chose en ma créance
qui fût entièrement indubitable. », Discours de la
méthode, 1637
Essence
de l’homme
«
Et partant, de cela même que je connais avec certitude que j’existe
et que cependant je ne remarque point qu’il appartienne nécessairement
aucune autre chose à ma nature ou à mon essence, sinon que
je suis une chose qui pense, je conclus fort bien que mon essence consiste
en cela seul que je suis une chose qui pense ou une substance dont toute
l’essence ou la nature n’est que penser. », Méditations,
1641
Intuition
«
Par intuition (intuitus), j’entends, non pas le témoignage changeant
des sens ou le jugement trompeur d’une imagination qui compose mal son
objet, mais la conception d’un esprit pur et attentif, conception si facile
et si distincte qu’aucun doute ne reste sur ce que nous comprenons (...)
Ainsi chacun peut voir par intuition qu’il existe, qu’il pense, que le
triangle est défini par trois lignes seulement, la sphère
par une seule surface (...). », Règles pour la direction
de l’esprit, 1628
Malin
génie
«
Je supposerai donc qu’il y a, non point un vrai Dieu, qui est la souveraine
source de vérité, mais un certain mauvais génie, non
moins rusé et trompeur que puissant, qui a employé toute
son industrie à me tromper. Je penserai que le ciel, l’air, la terre,
les couleurs, les figures, les sons et toutes choses extérieures
que nous voyons ne sont que des illusions et tromperies dont il se sert
pour surprendre ma crédulité. », Méditations,
1641
Méthode
«
On ne peut se passer d’une
méthode pour se mettre en quête de la vérité
des choses.
», Discours de la méthode,
1637
Morceau
de cire
«
Prenons par exemple ce morceau de cire qui vient d’être
tiré de la ruche: il n’a pas encore perdu la douceur du
miel qu’il contenait, il retient encore quelque chose de l’odeur
des fleurs dont il a été recueilli; sa couleur,
sa figure, sa grandeur sont apparantes; il est dur, il est froid,
on le touche, et si vous le frappez, il rendra quelque son. (...)
Mais voici que cependant que je parle, on l’approche du feu: ce
qui restait de saveur s’exhale, l’odeur s’évanouit, sa
couleur se change, sa figure se perd, sa grandeur augmente, il
devient liquide, il s’échauffe, à peine le peut-on
toucher, et quoiqu’on le frappe, il ne rendra plus aucun son (...),
il ne demeure rien que quelque chose d’étendu, de flexible
et de muable. », Méditations, 1641
Ordre
des raisons
«
Et il est à remarquer, en tout ce que j’écris, que je suis
pas l’ordre des matières, mais seulement celui des raisons: c’est-à-dire
que je n’entreprends point de dire en un même lieu tout ce qui appartient
à une matière, à cause qu’il me serait impossible
de le bien prouver, y ayant des raisons qui doivent être tirées
de bien plus loin les unes que les autres; mais en raisonnant par ordre
a facilioribus ad difficiliora (du plus facile au plus difficile), j’en
déduis ce que je puis, tantôt pour une matière, tantôt
pour une autre; ce qui est, à mon avis le vrai chemin pour bien
trouver et expliquer la vérité. », à Mersenne,
24 décembre 1640
Penser
«
Par le mot de penser, j’entends tout ce qui se fait en nous de telle sorte
que nous l’appercevions immédiatement par nous mêmes; c’est
pourquoi non seulement entendre, vouloir, imaginer, mais aussi sentir,
est la même chose que penser. », Principes, 1644
Philosophie
«
Ainsi toute philosophie est comme un arbre dont les racines sont la métaphysique,
le tronc est la physique, et les branches qui sortent de ce tronc sont
toutes les autres sciences qui se réduisent à trois principales,
à savoir la médecine, la mécanique et la morale. »,
Principes,
lettre-préface, 1644
Poêle
«
J’étais en Allemagne, où l’occasion des guerres qui n’y sont
pas encore finies m’avaient appelé; et, comme je retournais du couronnement
de l’empereur vers l’armée, le commencement de l’hiver m’arrêta
dans un quartier où, ne trouvant aucune conversation qui me divertît,
et n’ayant d’ailleurs, par bonheur, aucuns soins ni passions qui me troublassent,
je demeurais tout le jour enfermé seul dans un poêle, où
j’avais tout le loisir m’entretenir de mes pensées. Entre lesquelles
l’une des premières fut que je m’avisai à considérer
que souvent il n’y a pas tant de perfections dans les ouvrages composés
de plusieurs pièces, et faits de la main de divers maîtres,
qu’en ceux auxquels un seul a travaillé. », Discours de
la méthode, 1637
Puissance
de juger
«
(...) si par hasard je regardais d’une fenêtre des hommes qui passent
dans la rue (...), je ne manque pas de dire que je vois des hommes (...);
et cependant que vois-je de cette fenêtre, sinon des chapeaux et
manteaux, qui peuvent couvrir des spectres ou des hommes feints qui ne
se remuent que par ressorts? Mais je juge que ce sont de vrais hommes et
ainsi je comprends, par la seule puissance de juger qui réside en
mon esprit, ce que je croyais voir dans mes yeux. », Méditations,
1641
Technique
«
(...) il est possible de parvenir à des connaissances qui soient
fort utiles à la vie, et qu’au lieu de cette philosophie spéculative
qu’on enseigne dans les écoles on peut trouver une pratique par
laquelle, connaissant la force et les actions du feu, de l’eau, de l’air,
des astres, des cieux, et de tous les autres corps qui nous environnent
(...), nous les pourrions employer en même façon à
tous les usages auxquels ils sont propres, et ainsi nous rendre maîtres
et possesseurs de la nature.», Discours de la méthode,
1637
Vrai
«
(...) je puis établir pour règle générale que
toutes les choses que nous concevons fort clairement et fort distinctement
sont toutes vraies. », Méditations, 1641 |