L’album sort mardi chez Up Music, 5 ans après
L’ère de rien. Pourquoi ce choix de label ?
Guillaume: Il est très simple, ce sont les seuls qui ont voulu
nous signer. Quand on a gagné le procès Universal, personne
ne le sait et ce n’est pas officiel, mais il y a eu une liste noire Universal
et même leurs concurrents flippent et on était pestiférés…
et donc personne ne voulait nous signer…mais personne personne. Parfois
même dans les boites de disques, même dans des majors, il y
avait des directeurs artistiques qui nous disaient « Je veux vous
signer », et au dernier moment t’avais le grand patron qui disait
« tu touches pas à ça, c’est Blankass »…et donc
le seul qui a eu le courage de le faire c’est Thierry Chassagne qui vient
des majors aussi, mais qui a créé son label, Up Music et
c’est le seul qui a eu le courage de le faire et qui nous a signés.
Bruno: Et même à une époque, on avait un satellite
en permanence qui nous filmait. Quand on était à la pêche
ou même au cabinet on avait un satellite de la CIA qui nous filmait
avec des chinois espions d’Universal…(rires de Guillaume)…mais vous en
riez, mais vous en riez…mais vous en rirez moins un jour !!!!!
Guillaume: alors Bruno reviendra de temps en temps comme bon lui semble,
en électron libre…(rires)
Y-a-t-il une appréhension particulière ou le succès
radio de La Croisée donne-t-il une confiance absolue ?
Non il y a une appréhension…bon les radios honnêtement,
même les radios cools comme Oui Fm, il faut reconnaître que
c’est pas le public qui décide, c’est un programmateur…quoique Oui
Fm je les mets à part parce que je trouve que c’est vraiment une
vraie radio rock…mais sinon il y en a plein, même des radios pour
les jeunes, ce sont des programmateurs…ce sont des trucs politiques…enfin
voilà quoi ! Tu peux très bien passer beaucoup en radio,
mais moi ce qui m’intéresse c’est comment les gens vont réagir,
et ça on va le voir pendant la tournée. On se dit «
est-ce que les gens se rappellent « Pas des Chiens »…enfin
voilà…
A la première écoute, L’homme Fleur surprend. Anna
et Mondiale Idée ont un côté pop nouveau dans votre
répertoire…c’était un choix délibéré
de s’éloigner sur quelques morceaux de votre style ?
Depuis le début on a quand même dans les Blankass toujours
tous écouté des trucs anglais, mais on s’était souvent
finalement interdit…même dans les deux premiers, je le reconnais,
des trucs qu’on composait, qu’on aimait bien mais il y avait un petit côté
pop, donc on se disait « non »…Et là on s’est dit, prenons
nos morceaux préférés et voilà…Finalement c’est
la première fois qu’on s’autorise à se servir de nos influences
pop anglaise. C’est vrai que Anna et Mondiale Idée c’est assez pop
finalement.
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Blankass
© 2003 Vincent Moya |
Après les Clash, les Pink Floyd. Pourquoi ce choix ? Pourquoi
pas les Pogues ?
C’est vraiment un gag…on n’est pas fans des Pink Floyd. Mais parfois
en répet’ on fait les cons, on peut très bien se mettre à
faire des bœufs genre Boys boys boys de Sabrina…et on s’est mis à
jouer Pink Floyd, mais au vrai tempo, avec les mêmes sons bien variétoches.
Et c’est Johan qui a eu l’idée de le faire en triplant le tempo.
Et on a essayé ça, et tout est venu…on était mort
de rire et on s’est dit qu’on devrait avoir les couilles de la mettre sur
l’album…Alors au début moi j’ai hurlé, et en la rejouant,
je me suis dit ok, mettons-la sur l’album.
Et avec Spider Stacy des Pogues, ça fait 5 ans que l’on est
pote et qu’on se disait que sur le prochain album il était convenu
qu’il chante une chanson, mais ni une de ses chansons, ni une des Blankass…et
donc on s’est dit « c’est ça que Spider va chanter ».
Le soir même je l’appelle et je lui dis « on a trouvé
ce que tu chantes »…« ouais c’est cool, c’est quoi ? »
et moi « The Wall des Pink Floyd »…alors il y a eu un gros
silence, puis il a éclaté de rire et il me dit « non,
mais je chante quoi ? » « les Pink Floyd, the Wall »….et
il était vert, il disait « c’est pas possible ». Et
finalement il nous a rejoints en studio, il a écouté la version
et il a adoré…
La pochette de L’homme fleur… Que représente-t-elle en elle-même
et à vos yeux ?
La pochette c’est une coïncidence. Il y a une chanson sur l’album
qui s’appelle L’Homme Fleur dont on a décidé qu’elle serait
aussi le titre de l’album. Les Hommes Fleurs, c’est une tribu amazonienne
qui vit encore comme à la préhistoire, qui a toute une religion
autour des fleurs. Et donc, ils sont capables de faire 200 bornes à
travers la jungle pour chercher une fleur qui leur manque au village. Tu
vois, on est en 2003, et quelque part sur terre, il y a encore des gens
qui peuvent faire 200 bornes à pied pour aller chercher une fleur…quand
j’ai vu ça, je me suis dit « on est vraiment des cons ».
Ils n’ont aucun écrit, ils se sont transmis ça depuis des
milliers d’années juste par tradition orale et nous, dans notre
confort moderne, on a tout oublié.
Depuis le début de Blankass on a toujours été
fascinés par les sociétés dites primitives. On dit
primitif, mais eux n’ont rien oublié de leur rapport avec la nature.
Et le plus important et le plus hallucinant, c’est que toutes ces sociétés
dites primitives n’ont pas d’exclus, à part dans certains cas bien
rares, mais alors c’est rituel. Et quand tu penses, que dans notre société
qui est une société super évoluée, il y a des
millions d’exclus…donc c’est qu’il y a quelque chose qui ne va plus, une
règle de vie élémentaire qu’on a oubliée…
Quant au choix de pochette, on a été absent un peu longtemps
quand même, on s’est dit que ce serait bien qu’on mette une photo
de nous sur l’album. Et la semaine où l’on a décidé
d’appeler l’album L’homme Fleur, il y a un photographe qui a beaucoup vécu
en Amazonie, qui est passé à notre maison de disque parce
qu’il connaît un mec qui y travaille – nous on ne le connaît
pas du tout ce photographe -, et donc il revenait d’Amazonie et a proposé
des photos. Le gamin ne fait pas partie de cette tribu-là, il est
d’une autre tribu mais on l’a trouvé belle cette photo et elle colle
bien, donc voilà on l’a choisie.
La tournée qui démarre sera-t-elle aussi longue que
les précédentes ?
Oui, oui. J’espère qu’elle sera aussi longue que les autres…de
toute façon, là on est le 28 mars et on sera en demande de
dates jusqu’à la fin de l’été 2004…donc…voilà.
Passera-t-elle par les gros festivals de cet été ?
Très peu, les gros festivals ce sera pour l’été
prochain…
Est-ce que les concerts seront comme l’album un peu plus calme, ou
comme sur la tournée La couleur des blés, il y aura une grande
différence entre les versions album et concert ?
Il y aura toujours des moments très très énergiques,
mais par exemple Sur la Branche, je voudrais qu’elle soit exactement avec
le même calme et la même sérénité que
l’album. Alors je ne sais pas si on y arrivera mais j’aimerais vraiment
rester super zen…
La question conne : le mot de la fin
-au même moment rentre dans les loges, une personne avec des
cheveux long et brun et mal rasé-
Et bien…il y a le chanteur de Matmatah qui vient de rentrer…(rires)